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Export : Les industriels du cuir ne donnent pas cher de leur peau
21 novembre 2022 La vie eco
Mises-en place-t-il y a 20 ans, la restriction quantitative des exportations de peaux brutes pourrait être levée. La demande faite par des abattoirs d’el Jadida et à laquelle s’oppose fermement la FEDIC est en cours d’examen au ministère de l’industrie. Une étude du marché des peaux a été également initiée.
La restriction d’exportation des peaux brutes pourrait être levée. Ce qui inquiète l’ensemble des opérateurs du secteur du cuir. En effet, tanneurs, confectionneurs, chausseurs, maroquiniers et artisans se mobilisent et dénoncent cette mesure qui, si elle venait à être appliquée, perturberait fortement leur approvisionnement en matières premières.
Décidée en avril 2001 par le ministère de l’Industrie et du Commerce, suite à l’épidémie de la vache folle qui a entraîné une réduction de la disponibilité des peaux sur le marché international, la restriction d’exportation des peaux brutes de bovins et d’ovins visait la protection de l’industrie nationale du cuir et la garantie de la disponibilité des peaux brutes pour toutes les filières du secteur. Pourquoi aujourd’hui la donne pourrait-elle changer et que se passe-t-il sur le marché des peaux ?
Le ministère a été saisi par des abattoirs à El Jadida, AMA Holding, demandant la levée de la restriction car, peut-on lire dans un courrier de ce même département, «selon la socie?te? AMA HOLDING, l’augmentation accrue de la consommation des viandes rouges ge?ne?re?e grâce a? la strate?gie agricole nationale (NDLR : le PMV), adopte?e cette dernie?re de?cennie, s’est traduite par une abondance des stocks de peaux brutes qui de?passent les capacite?s de traitement de l’industrie nationale». Après réception de cette lettre, le ministère a provoqué, le 10 novembre, une réunion avec les représentants de la Fédération des industries du cuir ( FEDIC) pour, dit-il, «examiner la demande de la société AMA Holding». Approché, le directeur de AMA Holding, Abdelfatah Aamar confirme en effet avoir fait la demande et précise : «Je suis dans mon droit, étant donné que j’ai un important stock de peaux constitué durant ces deux dernières années en raison de la crise sanitaire. Je veux liquider ce stock, sinon les peaux vont se détériorer et vont être jetées à la décharge». Si, selon les industriels, le stock est de 200 000 peaux brutes, le patron de AMA Holding ne donne aucune indication à ce sujet, en revanche, il dit avoir proposé, au cours de la rencontre du ministère, aux industriels de leur vendre son stock de peaux selon ses conditions : «Soit être payé cash et sans délais de paiement». La rencontre du 10 novembre a donc permis, explique Azzedine Jettou, président de la fédération, «d’exposer la position des industriels qui s’inquiètent et craignent l’impact de cette éventuelle levée de la restriction d’exportation des peaux brutes sur notre activité». Quels sont alors les risques pour le secteur?
Si le ministère accepte, explique M.Jettou, d’accorder une licence d’exportation à cet abattoir d’autres opérateurs suivront et cela aura un impact négatif sur le marché des peaux qui n’assurera plus l’approvisionnement des unités de chaussures, de maroquinerie, de vêtements et d’artisanat. Ces industriels seraient alors contraints d’importer de l’étranger, souligne le président de la FEDIC, «des peaux de moindre qualité qui ne correspondent pas aux besoins des industriels, notamment les chausseurs, les producteurs de vêtements et de maroquinerie». Abondant dans le même sens, Thami Aamraoui, président régional de la Fedic à Fès, précise «qu’on ne trouvera pas à l’étranger des peaux de la même qualité que les peaux brutes locales qui ont une fine fleur adaptée aux exigences de fabrication et de qualité de nos donneurs d’ordre». Les peaux importées de Russie et d’Ukraine sont plus épaisses et ne conviennent pas, de l’avis de M.Aamraoui, au standard de qualité requis pour l’habillement et la chaussure. Le type de peaux importées est plutôt adapté à l’ameublement.
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