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Conjoncture : Quelles prévisions pour 2021 ?
07 janvier 2021 EcoActu
Le point de conjoncture du HCP prévoit un retournement à la hausse de l’activité économique au premier trimestre 2021.
Au premier trimestre 2021, la croissance mondiale devrait s’améliorer, progressivement, mais de manière hétérogène selon les pays et les régions. Les économies de l’OCDE réaliseraient une croissance de 3,6%. L’inflation mondiale resterait contenue, mais serait, toutefois, subordonnée à l’évolution des cours des matières premières sur le marché mondial, en particulier ceux du pétrole. Dans ce contexte, la demande mondiale adressée au Maroc gagnerait un peu d’élan, pour croitre de 4,2%, en variation annuelle, selon le point de conjoncture du HCP.
La demande intérieure poursuivrait son redressement à un rythme modéré. La baisse des dépenses des ménages s’atténuerait, sous l’effet du redressement attendu des achats de biens alimentaires et manufacturés. Les dépenses de restauration et de transport progresseraient, également, par rapport au quatrième trimestre 2020, mais à un rythme moindre. Les dépenses en services non-marchands, particulièrement sociales, resteraient relativement dynamiques, situant la hausse de la consommation publique à 4,3%. En revanche, l’effort d’investissement resterait relativement faible, notamment dans les produits de construction.
Dans ce contexte, les activités hors agriculture devraient poursuivre leur redressement, au premier trimestre 2021, affichant un repli de 0,5%. Dans le secteur secondaire, l’activité industrielle se redresserait sensiblement tandis que celle de la construction continuerait de pâtir de la faible demande adressée à l’immobilier résidentiel. La production d’électricité s’affirmerait, également, dans le sillage de la reprise graduelle des activités industrielles. Dans le secteur tertiaire, l’activité poursuivrait sa reprise modérée dans le commerce, le transport et la restauration, alors qu’elle resterait relativement dynamique dans les services non-marchands. Dans l’ensemble, le secteur tertiaire contribuerait pour -0,4 point à l’évolution du PIB.
Les activités agricoles connaitraient un sensible mouvement de reprise, sous l’hypothèse d’une pluviométrie hivernale excédentaire et généralisée. En variation annuelle, la valeur ajoutée agricole devrait enregistrer une hausse de 10,8%, contribuant pour +1,2 point à la croissance économique globale. La campagne agricole 2020/2021 avait certes connu un début plutôt difficile, avec un déficit pluviométrique de 48% aux mois d’octobre et novembre 2020, mais le retour quasi-général des précipitations en décembre devrait favoriser une accélération des travaux de sol et une amélioration des parcours végétaux. La poursuite des conditions climatiques favorables pendant les saisons hivernale et printanière permettrait une hausse plus soutenue de la production agricole qui serait accompagnée par une amélioration de l’emploi, après deux années successives de sécheresse.
Dans l’ensemble et compte tenu d’un abaissement de 0,5% de la valeur ajoutée hors agriculture et d’un rebond de 10,8% de celle de l’agriculture, l’activité économique enregistrerait une hausse de 0,5% au premier trimestre 2021, en variation annuelle, après quatre trimestres consécutifs de baisse. La croissance économique globale devrait s’accélérer sensiblement au cours des trimestres qui suivent, profitant d’un effet d’ajustement de la base lié à la chute de l’activité pendant la période de confinement.
Baisse moins prononcée au 4ème trimestre 2020
L’économie nationale aurait régressé de 5,5% au quatrième trimestre 2020, au lieu de -7,2% un trimestre plus tôt, sous l’effet d’une baisse de 4,9% de la valeur ajoutée hors agriculture et d’une contraction de 7,4% de celle de l’agriculture.
Atonie de la demande mondiale adressée au Maroc
Le commerce mondial des marchandises se serait essoufflé au quatrième trimestre 2020, pâtissant des mesures d’endiguement des nouvelles vagues de la pandémie Covid-19, après une reprise partielle des échanges des produits manufacturés (électroniques, du textile et de l’automobile) au troisième trimestre. Dans ce contexte, la demande mondiale adressée au Maroc aurait suivi la même tendance, marquant une baisse de 4,1% en glissement annuel au quatrième trimestre.
Au niveau national, les exportations des biens et services, en volume, se seraient repliées de 8,5% en variation annuelle, au quatrième trimestre. Les exportations des biens auraient pâti de la contre-performance des ventes extérieures de l’automobile dans son segment construction et de la quasi-stagnation de celles du textile et cuir impactées par la baisse des ventes extérieures des articles de bonneterie et des chaussures, alors que celles des vêtements confectionnés se seraient légèrement améliorées. Les exportations de l’industrie aéronautique auraient, pour leur part, poursuivi leur tendance baissière, pénalisées par la morosité qui touche ce secteur depuis l’enclenchement de la crise sanitaire mondiale. A l’inverse, celles des phosphates et dérivés et des produits agricoles et agro-alimentaires se seraient orientées à la hausse, profitant d’une amélioration de la demande extérieure qui leur est adressée.
Les importations de biens et services, en volume, auraient, pour leur part, reculé de 6,5% au quatrième trimestre 2020, au lieu de -11,3% un trimestre plus tôt. La baisse des importations de biens aurait été attribuable, pour une large part, au repli de celles des produits énergétiques, des biens d’équipement industriel (machines et appareils divers, moteurs à pistons et autres moteurs), des biens de consommation (voitures de tourisme et leurs pièces détachées), des demi-produits (matières plastiques) et des produits bruts (souffre brut).
Atténuation de la baisse de la demande intérieure
La baisse de la demande intérieure se serait légèrement atténuée au quatrième trimestre 2020. La consommation des ménages, qui avait régressé au troisième trimestre de 10,7%, se serait infléchie de 3,5% au quatrième trimestre 2020, sous l’effet du redressement partiel des achats de biens de consommation alimentaires et manufacturés notamment d’habillement et d’équipement après la réouverture des commerces. La consommation des administrations publiques serait restée, quant à elle, relativement dynamique, affichant un accroissement de 4,6%, en ligne avec la hausse des dépenses de fonctionnement et des services sociaux. L’investissement aurait, pour sa part, poursuivi sa tendance baissière, pâtissant du repli de l’équipement en produits manufacturés et immobiliers. En variation annuelle, la baisse de la formation brute de capital (FBC) aurait atteint -8,9% au quatrième trimestre 2020.
Décélération des prix à la consommation
Au quatrième trimestre 2020, les prix à la consommation auraient légèrement décéléré, affichant une hausse de +0,5%, en glissement annuel, au lieu de +0,7% un trimestre plus tôt. Ce ralentissement aurait été plus marqué au niveau des prix des produits alimentaires (+0,6%, au lieu de +1% au trimestre précédent), qu’à celui des prix des produits non-alimentaires (+0,4%, après +0,5%). Ce seraient principalement les prix des produits frais, en particulier ceux des fruits qui auraient le plus décéléré. L’inflation sous-jacente, qui exclut les prix soumis à l’intervention de l’Etat et les produits à prix volatils, aurait de nouveau ralenti, pour se situer à +0,1% seulement au quatrième 2020, après +0,5% un trimestre plus tôt, reflétant une décélération de sa composante alimentaire et plus particulièrement des prix des viandes fraîches.
Sur l’ensemble de l’année 2020, l’inflation, quoiqu’en légère accélération (+0,7%) par rapport à l’année précédente (+0,2%) resterait, relativement, faible, sous l’effet du repli des prix de l’énergie provoqué par la baisse des cours du pétrole sur le marché international. De son coté, l’inflation sous-jacente resterait pratiquement faible pour se situer à +0,5 %, au lieu de +0,6% en 2019.
Baisse moins prononcée de l’activité économique au quatrième trimestre 2020
Au quatrième trimestre 2020, l’activité économique aurait poursuivi son repli à un rythme moins accentué qu’au trimestre précédent. L’économie nationale aurait régressé de 5,5%, au lieu de -7,2%, au troisième trimestre 2020. Cette évolution serait attribuable à l’atténuation du rythme de la baisse de la valeur ajoutée non-agricole, en ligne avec la poursuite de la reprise des activités tertiaires. En particulier, les services non-marchands auraient conservé leur dynamisme amorcé au début de 2020, alors que le repli des activités du commerce, des transports et du tourisme se serait atténué, profitant d’un rattrapage des dépenses de consommation des ménages.
En revanche, la dynamique de la reprise des branches secondaires se serait heurtée à une inflexion à la baisse des activités industrielles. Après un redressement des exportations de vêtements et de l’automobile qui avaient dopé la production dans les branches du textile et des IMME, l’activité industrielle aurait pâti d’un nouveau repli de la demande extérieure, qui aurait plus qu’effrité les gains apportés par le raffermissement des industries chimiques. Dans la branche de l’électricité, la valeur ajoutée aurait affiché une baisse de 1,2% au quatrième trimestre 2020, en variation annuelle, au lieu d’une hausse de 0,8%, au troisième trimestre. Cette inflexion aurait été principalement imputable au repli des ventes de l’électricité au lieu d’une augmentation de 1,1% au troisième trimestre. Pour leur part, les activités de construction auraient conservé leur tendance baissière, pâtissant du repli de l’activité des «Travaux de construction spécialisés» et du «Génie civil».
Dans les mines, l’activité aurait mieux résisté aux effets de la pandémie, affichant une hausse de 8,1% au quatrième trimestre 2020, en variation annuelle, au lieu de +4,3% un trimestre auparavant. Cette accélération aurait été attribuable au dynamisme persistant des activités des industries locales de transformation, dopées par un relèvement de la demande internationale des fertilisants. La montée des incertitudes contre d’éventuels retards de livraison ou des difficultés de financement liées à la pandémie Covid-19 dans les grands pays producteurs agricoles et le maintien d’une relation plus attrayante entre les prix des cultures et ceux des engrais auraient favorisé un raffermissement des exportations nationales de dérivés de phosphates. En revanche, la production des autres minerais, notamment celle des métaux de base, aurait poursuivi son repli amorcé au début de 2020.
La valeur ajoutée agricole se serait, quant à elle, contractée de 7,4% au quatrième trimestre 2020, en variation annuelle, dans un contexte d’augmentation des coûts de production et du retard des précipitations automnales. Les dépenses des agriculteurs en alimentation de bétail et en ensemencement des cultures se seraient renforcées, sous l’effet de la hausse des prix des céréales et des cultures fourragères. En outre, les activités agricoles auraient continué de subir le contrecoup du repli de la demande intérieure dans le sillage de la crise sanitaire Covid-19. Le maintien du recul des activités des industries de viande et la faible reprise des unités de restauration en période post-confinement auraient pesé sur les activités d’élevage avicole. La baisse de la production des poussins de chair se serait poursuivie et les abattages de volailles auraient régressé de 10,2%, au quatrième trimestre 2020, entrainant un redressement de 5,1% et 6,8% respectivement, des prix à la consommation du poulet et des œufs. La production du lait aurait été, également, peu dynamique, dans le sillage de la contraction de la demande industrielle et de l’augmentation des charges d’alimentation des vaches laitières. Dans les filières végétales, la baisse de la demande aurait particulièrement concerné les cultures fruitières, dont les quantités importées se seraient inscrites en baisse de plus de 28%.
Poursuite de la baisse des taux d’intérêt monétaires
La masse monétaire aurait évolué au rythme de +7,2%, au quatrième trimestre 2020, après +7,6% un trimestre auparavant, en glissements annuels. Le besoin de la liquidité des banques se serait légèrement atténué, comparativement au trimestre précédent, à la suite du reflux de la monnaie fiduciaire, mais serait resté important en variation annuelle. Bank Al-Maghreb aurait significativement augmenté le volume de ses financements aux banques depuis le deuxième trimestre 2020, tout en adaptant le mécanisme de ses interventions. Les avoirs officiels de réserve auraient progressé de 16,2%. Les créances nettes sur l’administration centrale auraient nettement augmenté, marquant une hausse de 22,5% de l’endettement monétaire du Trésor.
La croissance des créances sur l’économie aurait continué de décélérer depuis le troisième trimestre 2020. Leur encours aurait augmenté de 4,3%, au quatrième trimestre 2020, au lieu de +5,5% un trimestre plus tôt. Ce ralentissement du rythme de croissance aurait été attribuable notamment à un net repli des crédits à la consommation des ménages et à un revirement à la baisse des crédits à l’équipement des entreprises. Les taux d’intérêt sur le marché interbancaire auraient baissé de 77 points de base, en glissement annuel, se situant à 1,5% au quatrième trimestre 2020, soit le même niveau que le taux directeur de Bank Al-Maghreb. Parallèlement, les taux auraient diminué sur le marché des adjudications des bons du Trésor, avec des replis de 48 et 26 points de base pour les taux de maturité 1 et 5 ans, respectivement. Les taux créditeurs auraient, pour leur part, reculé de 37 points de base en moyenne.
Un marché boursier encore en baisse
Le marché des actions aurait continué d’afficher des évolutions baissières, pâtissant des effets de la pandémie Covid-19 sur l’économie nationale et sur plusieurs secteurs cotés. Globalement, les séances de corrections à la baisse auraient dominées celles à la hausse, dévoilant la détresse des investisseurs et la nervosité du marché. Les résultats comptables semestriels des sociétés cotées auraient enregistré un repli quasi général. Les indices boursiers MASI et MADEX auraient reculé de 7,3% et 7,4% respectivement, en glissements annuels, après des replis de 13,6% et 13,8%, au trimestre précédent. La capitalisation boursière aurait réduit sa dépréciation, marquant une baisse de 6,7%, au lieu de -12,9% un trimestre auparavant. Le repli du marché boursier aurait été tiré par la forte dépréciation des cours des secteurs de la promotion immobilière, des loisirs et hôtels, de la sylviculture et papier, des sociétés de financement, du transport et du secteur des boissons. Les transactions sur le marché boursier auraient marqué une baisse de 15,3%, de leur volume.
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