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Devises : Le Maroc se dirige vers un record
25 décembre 2020 Aujourd'hui le maroc
Les réserves de change atteignent actuellement les 36 milliards de dollars, soit plus de 7 mois de couverture.
Après une phase d’appréhension en mars et avril derniers, le Maroc termine l’année sur un matelas de devises confortable. Alors que les réserves en juin dernier permettaient déjà de couvrir plus de 7 mois d’importation, la situation s’est encore améliorée avec un niveau d’avoirs étrangers qui permet au Maroc de se payer le luxe d’anticiper le remboursement d’une partie du tirage effectué il y a quelques mois sur sa LPL (ligne de précaution et de liquidité) auprès du Fonds monétaire international (FMI).
En juillet dernier (le Maroc dans une situation confortable, ALM 23 juillet), nous annoncions que «les responsables marocains en pleine gestion de crise avaient préféré en avril dernier jouer la prudence et renforcer le matelas de devises en perspective d’une détérioration probable en retirant la totalité des 3 milliards de dollars de la LPL. A l’époque cette mesure avait permis sur le coup de faire gagner au pays moins de 20 jours de couverture d’achat à l’international supplémentaires. Sur ce plan, il faut préciser que le deal passé entre les deux parties prévoit notamment une restitution de la LPL à tout moment. Vu la situation actuelle, le Maroc pourrait bien actionner ce dispositif au cours de l’année 2021 si les responsables disposent de plus de visibilité». C’est désormais chose faite.
Bank Al-Maghrib et le ministère de l’économie, des finances et de la réforme de l’administration annoncent dans un communiqué que «le Maroc a procédé, lundi, au remboursement par anticipation au Fonds monétaire international (FMI) d’une partie du tirage sur la ligne de précaution et de liquidité (LPL) d’un montant de 651 millions de DTS (Droits de tirage spéciaux), soit l’équivalent de près de 936 millions de dollars américains ou 8,4 milliards de dirhams. Cette opération qui sera effective le 8 janvier 2021 permet de soulager les engagements financiers futurs du Maroc tout en réduisant le coût grâce, en particulier, aux conditions très favorables de la dernière émission du Trésor à l’international». Il faut dire que les chiffres concernant les avoirs étrangers sont édifiants. Selon le FMI, les réserves de change au Royaume ont atteint actuellement les 36 milliards de dollars, soit pratiquement 322 milliards de dirhams. Ce trend haussier pourrait se poursuivre durant la première moitié de 2021. De quoi permettre de battre probablement un nouveau record et flirter ainsi avec une année de couverture des achats à l’international pour le pays.
Projections
Après des mois difficiles, les responsables financiers du Royaume sont aujourd’hui plus optimistes. C’est le cas à Bank Al-Maghrib qui indique que les recettes de voyage connaîtraient une reprise graduelle tout en restant à un niveau inférieur à celui de 78,8 milliards de dirhams observé en 2019. Elles passeraient ainsi de 29 milliards en 2020 à 49,9 milliards en 2021 puis à 72 milliards en 2022. Pour les transferts des MRE, après une quasi-stabilité à 65,8 milliards de dirhams en 2020, ils se raffermiraient à 70 milliards puis à 71,4 milliards.
Au total, et tenant compte notamment des émissions réalisées par le Trésor sur le marché international cette année et de celles prévues en 2021 et en 2022, les avoirs officiels de réserve se situeraient à 321,9 milliards à fin 2020 et évolueraient autour de ce niveau au cours des deux prochaines années, assurant ainsi une couverture d’un peu plus de 7 mois d’importations de biens et services.
Sources
Le Maroc compte différentes sources de devises. Il y a tout d’abord les exportations. Cela dit, la conjoncture actuelle a eu un impact sur les produits exportés du Maroc vers les marchés étrangers. Il y a ensuite les transferts des MRE qui affichent, selon BAM, une résilience notable avec une augmentation de 1,7%. «Tenant compte de ces évolutions, le déficit du compte courant ressortirait quasi stable à 4,2% du PIB en 2020.
Sur l’horizon des prévisions, la reprise des exportations observée récemment devrait se consolider, portée notamment par les ventes du secteur automobile suite à la montée en production annoncée par l’usine PSA. En parallèle, le rythme des importations s’accélérerait, avec une progression des achats de biens d’équipement et un alourdissement de la facture énergétique suite à la hausse prévue des cours internationaux du pétrole», avait annoncé la banque centrale à l’issue de son conseil d’administration il y a quelques jours.
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