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L’agroforesterie fait son chemin au Maroc

29 décembre 2020 Aujourd'hui le maroc

L’intérêt de cette méthode pour l’agriculteur est d’ordre économique, environnemental et agronomique.

L’agroécologie prône le respect de l’environnement et la protection des ressources naturelles. Qui dit agroécologie dit économie circulaire, le non-gaspillage alimentaire, le travail sur sol vivant, les villes durables, ou encore un système alimentaire sain… autant d’éléments liés à l’agroécologie dont l’agroforesterie fait partie. En effet, celle-ci repose sur l’idée d’associer aux cultures des plantes vivaces afin d’enrichir le sol et protéger l’écosystème. Cette approche tend vers des cultures durables et résilientes aux changements climatiques. C’est dans ce sens que le RIAM (Réseau des initiatives agroécologiques au Maroc) a organisé une conférence à distance le 26 décembre 2020 sous le thème «Agroforesterie : Produire autrement» dans le cadre du projet «Mon jardin nourricier en agroforesterie». L’objectif étant de mettre en lumière cette vision et encourager la recherche dans le domaine. Cette initiative vise à renforcer la résilience aux changements climatiques, à travers la sensibilisation et l’implication des futurs ingénieurs et cadres à l’agroforesterie. L’intérêt de cette méthode pour l’agriculteur est d’ordre économique, environnemental et agronomique. Elle permettrait par exemple un investissement à long terme et la vitalité en matières organiques pour le sol ainsi que la création de zone d’habitat pour la faune dont les abeilles. Les intervenants et experts de diverses institutions ont pu présenter les aspects techniques de développement de l’agroforesterie, ses perspectives de croissance au Maroc et les associations de cultures possibles.

Des «open fields» à l’association de cultures

L’agroforesterie est un outil de résilience et d’adaptation des systèmes de culture aux changements climatiques, selon Ahmed Bouaziz, professeur à IAV Hassan II. Il s’agit de l’ensemble des systèmes d’utilisation des terres et des pratiques dans lesquelles les plantes ligneuses vivaces sont délibérément intégrées aux cultures agricoles et/ou à l’élevage (cultures agricoles avec des arbres). Cette technique intervient dans un contexte climatique et économique difficile et le défi de la recherche serait donc de trouver des solutions pour produire en valeur, en mieux tout en préservant l’environnement. Dans ce sens, la philosophie générale de l’agroforesterie serait de faire en sorte donc d’avoir une agriculture ayant moins d’impacts sur l’environnement et en harmonie avec la nature. Les terrains «Open fields» produisant du grain (blén orge et légumineuses), de la paille ou du fourrage peuvent être plus résilients aux changements climatiques en les diversifiant. Ainsi, la diversification des espèces cultivées et leurs associations avec les arbres ou arbustes entraînera une plus grande richesse biologique. Pour l’expert, il est essentiel de changer de paradigme porté sur les zones arides et semi-arides et de passer à des systèmes pluri-spécifiques et à des cultures associées (céréales, légumineuses, fourrages, quinoa, associés par exemple au caroubier, figuier ou encore cactus. En termes de production (Land Equivalent Ratio, LER) on observe qu’un champ de 10 hectares (peuplier, blé dur/cloza) peut produire en système agroforestier l’équivalent de 13,4 hectares (LER de 1,34).

Les systèmes agroforestiers au Maroc

Au Maroc, ce concept se développe déjà dans certaines parties du pays. Dans les systèmes irrigués intensifs à Tadla par exemple, il existe des associations avec 2 ou 3 cultures (maïs-pomme de terre, système de cultures maraîchères associées et des systèmes olivier-blé). Dans les zones oasiennes, il y a des systèmes à plusieurs étages (palmier-blé, palmier-luzerne, palmier-olivier-cultures intercalaires). Dans les oasis de haute montagne comme à Azilal on retrouve ce brassage avec d’autres associations de cultures. L’agroforesterie est également développée dans les systèmes à base d’arganier (arganier, orge, élevage caprin) dans la région d’Agadir et Essaouira, Tiznit. Pour ce qui est des systèmes de culture en pluvial à Meknès, il y a deux ou 3 cultures associées (olivier-fève par exemple). En termes de perspectives, on citera la nécessité de diversifier les productions agricoles (grains, fruits, bois de chauffage, plantes mellifères et miel) et adopter des technologies plus modernes pour la mitigation et l’atténuation des effets des changements climatiques. La finalité serait également d’améliorer les niveaux de productivité, de revenus et de qualité de produits : variétés, semi-direct, bandes enherbées, bacs phytosanitaires. Il s’agit aussi d’encourager les circuits courts de commercialisation des produits pour réduire l’empreinte carbone et encourager entre autres les pépinières privées d’arbustes fourrages au même titre que les pépinières arboricoles, notamment dans les zones arides et semi-arides.

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