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La profession d’avocat se met au diapason de la digitalisation
17 décembre 2020 Media24
Accélérée par la pandémie, la digitalisation de la profession d'avocat fait face à des enjeux majeurs.
La deuxième édition du Casa Business Law Forum organisée par LexisNexis et Ikone Juris a été lancée en ligne, ce lundi 14 décembre, en raison du contexte de pandémie qui impose des règles de distanciation sociale.
La digitalisation de cet événement, qui rassemble les juristes de diverses professions, confirme la transformation numérique que connaît le monde entier dictée par la pandémie, le confinement, les restrictions de déplacement et de rassemblement.
Ainsi, dans le cadre de cette seconde édition, plusieurs sessions portant sur la digitalisation des métiers du Droit ont été programmées, dont l’une sur la profession d’avocat, animée par Me Nesrine Roudane ce lundi 14 décembre.
L’avocate s’est d’abord arrêtée sur les enjeux que comporte la transformation de la profession et l’impact de la pandémie sur cette évolution, avant de se pencher sur les efforts à fournir pour entériner ce changement.
Secret professionnel: entre digitalisation et sécurité
Pour Me Roudane, la transformation digitale “revêt une importance cruciale à notre époque, surtout en période de pandémie durant laquelle l’utilisation de l’outil digital a été exacerbée et a pris place dans la vie de tous les jours”.
Une situation dont il faut tirer profit tout en évitant les dérapages, comme le souligne l’avocate.
Selon cette dernière, la digitalisation dans la pratique du Droit comporte des enjeux importants et des objectifs évidents puisque l’amélioration de la vitesse d’exécution, l’augmentation de la capacité et de la précision de travail sont des résultats indéniables de ce changement.
Que ce soit dans l’objectif d’acquérir un avantage concurrentiel ou de s’inscrire dans l’ère du temps, la familiarisation avec les outils technologiques devient nécessaire. Mais en tirer profit ne suffit pas, il faut également en éviter les failles.
En effet, Me Roudane estime que le principal enjeu de cette transformation porte sur “la protection du secret professionnel, car l’utilisation des nouvelles technologies de l’information peut faire l’objet de détournements. D’où l’intérêt d’utiliser des plateformes sécurisées”.
Qu’il s’agisse de données à caractère personnel des clients ou de données stratégiques et commerciales, la manipulation, la numérisation ainsi que la mise en ligne des informations confidentielles constituent un des principaux défis que rencontrent les avocats.
C’est pourquoi, Me Roudane insiste sur “les efforts à faire au niveau de la législation marocaine pour permettre une communication sécurisée et favoriser encore plus la digitalisation de la profession”.
De plus, l’avocate souligne que l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la rédaction de contrats, l’analyse de cas ou la conduite d’audits juridiques constitue également un enjeu majeur, mais plus récent, de la transformation numérique de la profession.
“Pérenniser le digital pour ne plus subir les événements”
Moins récente mais non moins importante, la recherche juridique est le premier aspect de la pratique juridique à avoir été impacté par la digitalisation selon Me Roudane.
Aujourd’hui, les recherches se font essentiellement en ligne grâce à la richesse et la variété des données disponibles. La jurisprudence, les ouvrages numérisés, les modèles de contrats, de clauses etc. sont accessibles en quelques clics.
De même pour les audits juridiques qui ont “connu une métamorphose”, selon Me Roudane, puisqu’ils sont désormais “effectués à partir de documents numérisés qui sont communiqués électroniquement ou mis en ligne pour consultations. Il y a même des algorithmes qui permettent le traitement et l’analyse de ces documents”.
La consultation juridique a également été transformée. Elle se fait désormais par échanges électroniques écrits ou audiovisuels, encouragés par la pandémie.
Cette dernière n’a pas impacté que le volet conseil de la profession, puisque le contentieux a également connu une transformation majeure.
“Nous avons assisté pendant la pandémie à la naissance des procès à distance, de comparutions et de plaidoiries via les outils électroniques”, déclare l’avocate avant de souligner qu’un “cadre législatif doit être fourni pour assurer les garanties nécessaires aux justiciables et aux praticiens du droit”.
Un projet qui, comme le précise Me Roudane, s’inscrit dans le cadre de “la feuille de route présentée par le ministère de la Justice”, preuve de “l’engagement du Maroc” qui vise à assurer “une digitalisation poussée de la machine judiciaire et de faire en sorte qu’elle soit opérationnelle à 100%, abstraction faite de toutes les circonstances que l’on peut rencontrer, qu’il s’agisse de pandémie ou pas”.
L’objectif étant de ne plus subir de tels événements. La crise sanitaire a réussi à réduire une certaine réticence à l’égard des outils technologiques chez quelques praticiens du droit.
“On a remarqué une accélération du mouvement de digitalisation et une acceptation plus facile de ces outils, parce qu’il y a eu une prise de conscience de la nécessaire transformation de la profession afin d’assurer une continuité du service qu’il y ait fermeture des tribunaux ou pas”, affirme Me Roudane.
Si cette prise de conscience a été tardive ou du moins forcée pour certains, d’autres n’ont pas attendu la crise sanitaire pour lancer le processus et en viser une généralisation.
CDG: partenaire de digitalisation juridique
“Il y a eu une prise de conscience, avant la pandémie, relative au mouvement de digitalisation. Dans ce sens, un travail a été lancé avec nos partenaires stratégiques pour accompagner le mouvement général de digitalisation, notamment au niveau des juridictions marocaines”, indique Me Roudane.
“Ce processus de digitalisation arrive désormais à une étape plus poussée dans la mesure où une convention de partenariat sera bientôt signée avec la CDG, notre partenaire stratégique. Cette convention a pour objectif de nous accompagner dans la finalisation de la transformation digitale de la profession d’avocat, en développant un réseau privé virtuel des avocats qui fera l’interface avec le réseau des juridictions marocaines et qui permettra, in fine, un échange 100% électronique et 100% sécurisé”, explique-t-elle.
L’avocate estime qu’il est désormais nécessaire de pousser tout l’écosystème judiciaire à investir dans des plateformes électroniques plus sécurisées et à utiliser les nouvelles technologies de l’information pour dépasser les obstacles et relever les défis car, “qu’on le veuille ou pas, ce changement s’inscrit dans la durée et sera permanent. C’est pourquoi, il faut faire en sorte que l’avocat marocain soit au diapason de la pratique internationale en la matière”.
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