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La transition énergétique boostée par la pandémie

05 novembre 2020 Aujourd'hui le maroc

Le Maroc a toutes ses chances pour réussir le chantier

«Nous sommes en passe de basculer d’un pays fortement dépendant en énergie à un pays exportateur dans un avenir très proche. Nous sommes dans un modèle où il faut vraiment prendre cette orientation très volontaire».

Si la crise sanitaire a lourdement impacté certains secteurs, elle a pu ouvrir pour d’autres de réelles opportunités de développement. Le secteur des énergies en est un. Selon les opérateurs du secteur, la pandémie est considérée comme un déclencheur de changement et un accélérateur de réformes aussi bien à l’échelle mondiale que nationale. Un constat sur lequel sont unanimes les intervenants au dernier webinaire de l’Institut CDG, placé sous le thème «l’épidémie du coronavirus bouleversera-t-elle durablement l’industrie de l’énergie ?».

A travers ce questionnement, cette rencontre virtuelle a permis de sonder les avis des professionnels quant aux perspectives du secteur au Post-Covid. Les attentes sont dans leur ensemble positives. Une prise de conscience s’opère aujourd’hui pour activer plus que jamais la transition vers les énergies vertes. «Le Maroc dispose d’un grand potentiel en solaire et éolien. Avec la parité qui est en train d’arriver sur le réseau, on pourra avoir des conditions beaucoup meilleures en termes de production électrique et de verdissement de notre industrie qui est essentielle pour que nous puissions rester des acteurs majeurs dans notre environnement et notamment vis-à-vis de notre premier partenaire qui est l’Europe», peut-on relever de Amina Benkhadra, Directrice Générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM).

Les transformations en mode accélération

En effet, le Maroc a été parmi les premiers pays dans la région à initier une stratégie nationale de développement durable axée sur la promotion du «mix énergétique». L’heure étant d’accélérer la politique qui a été engagée depuis une dizaine d’années sous hautes orientations royales. «Le secteur de l’énergie est essentiel pour tout développement économique et social. Il peut être demain un accélérateur du développement de notre pays si l’on accélère la trajectoire de la politique poursuivie d’autant plus que les signaux sont favorables.

Nous voyons un mix énergétique qui va évoluer vers plus d’énergies renouvelables et moins d’énergies fossiles», souligne Mme Benkhadra. Toutefois, cette transition doit être accompagnée par un certain nombre d’innovations notamment le recours à la production décentralisée qui permettra de faciliter l’accès à l’énergie et ce au moindre coût. «L’épidémie va accélérer les transformations. D’ailleurs, tout le monde est d’accord pour partir sur une relance verte.

C’est un modèle qui va permettre non seulement d’avoir des impacts économiques et environnementaux mais aussi sociaux très importants», indique pour sa part Saïd Mouline, directeur général de l’Agence Marocaine pour l’Efficacité Energétique (AMEE). De nouveaux paradigmes se tracent dans le secteur et d’énormes opportunités sont à saisir. «Nous sommes en passe de basculer d’un pays fortement dépendant en énergie à un pays exportateur dans un avenir très proche. Nous sommes dans un modèle où il faut vraiment prendre cette orientation très volontaire», explique M. Mouline.

L’hydrogène vert, la clé du Maroc vers l’exportation des combustibles propres

Pour mieux franchir le cap de l’export, le Maroc capitalise sur des innovations telles que l’intégration de l’hydrogène vert. «C’est une énergie que l’on peut stocker. Elle va contribuer à démocratiser l’accès à l’énergie. Sur le volet industrialisation, l’hydrogène vert nous permettra d’ouvrir de nouvelles opportunités. Pour l’intégration industrielle locale, il fallait, auparavant, répondre bien plus souvent à un besoin énergétique limité. L’hydrogène vert permettra au Maroc de produire un vecteur de l’énergie et de l’exporter de la même manière qu’il exporte les voitures», relève Badr Ikken, directeur général de l’institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN).

Et de poursuivre que «cela va être une véritable opportunité de création de richesse non seulement pour le Maroc mais également pour plusieurs pays africains qui ont de riches gisements d’énergies renouvelables en solaire et en éolien». Lors de son intervention, M. Ikken a rappelé à l’audience certaines dispositions de la convention conclue récemment entre le Maroc et l’Allemagne. «L’Allemagne compte arrêter progressivement ses centrales à charbon et importer de l’énergie propre. C’est d’ailleurs, l’un des objectifs de cette convention sur le moyen terme. Ceci démontre qu’il y a un besoin très important en Europe. Si nous arrivons à capter 8% du besoin mondial à l’horizon 2045, le Maroc deviendrait un exportateur de combustible propre».

Il faut dire que l’expérience du Maroc dans les grandes centrales éoliennes et solaires ainsi que sa proximité de l’Europe jouent en sa faveur. Le Royaume est compté parmi 6 pays du monde à disposer d’un fort potentiel d’exportation de combustibles propres en l’occurrence l’hydrogène vert et dérivés. Rappelons que les différentes instances opérant dans le secteur se sont penchées, en collaboration avec des partenaires économiques et scientifiques, sur la réalisation de plusieurs études qui définissent le potentiel du Maroc dans l’intégration de l’hydrogène vert notamment en ce qui concerne la maturité des technologies. Ces études ont permis, également, de contribuer à l’élaboration d’une feuille de route Maroc pour l’hydrogène qui est actuellement en cours de finalisation.

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