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Le machinisme agricole entre le marteau et l’enclume

30 janvier 2023 La vie eco

Impacté par deux mauvaises saisons agricoles, le secteur des ventes de machines a connu une meilleure période… et pour ne rien arranger, la hausse du dollar et l’éventuelle application de la tva sur ce matériel font planer une menace sur toute la chaîne.

Quand le ciel est clément, l’agriculture va et c’est tout le secteur du matériel agricole qui en bénéficie. Et l’inverse est tout aussi vrai. Autant dire que ces deux dernières années sont à oublier pour le machinisme agricole. La sécheresse, le conflit russo-ukrainien, la hausse des prix ont impacté les ventes de matériel, qui ont baissé de près de 35% en 2022. «Dans une année normale, entre 1.800 et 2.000 machines agricoles sont commercialisées auprès des agriculteurs. Le plus haut volume a été enregistré en 2009, où le marché a frôlé les 7.000 unités vendues», précise Ismail Benbeyi, président de l’AMIMA (Association marocaine des importateurs de matériels agricoles) et directeur général de Stokvis Afrique du Nord.

Aides à conditions
En 2021, année de grave sécheresse, les ventes se sont situées à quelque 1.000 unités, dont 60% ne concernent que les tracteurs. Et encore, il s’agit là de tracteurs de faible puissance (80 chevaux), qui sont le plus souvent demandés, et dont le prix varie entre 260.000 et 280.000 DH. La raison ? Les tracteurs les plus puissants ne sont pas recherchés, en raison notamment de la nature morcelée des terrains agricoles au Maroc, qui ne nécessitent pas de grandes machines, tant pour les tracteurs que pour les moissonneuses-batteuses, les ramasseuses-presses, les barres de coupe ou autres. «La majorité des exploitations agricoles représentent des superficies de moins de 5hectares et ne nécessitent donc pas de grandes machines d’exploitation», abonde Benbeyi, soulignant la différence avec l’Europe où les tracteurs demandés sont au minimum de 120 chevaux, alors qu’au Maroc ces derniers ne représentent même pas 10% du marché. Au problème de fléchissement des ventes, s’est ajoutée une autre contrainte, ou plutôt une condition. A l’achat de leurs matériels agricoles, les agriculteurs bénéficient d’une subvention plafonnée, accordée par le ministère de l’Agriculture et qui varie en fonction de la machine. Pour les tracteurs par exemple, l’aide est fixée à 30% et plafonnée à 80.000 DH, tandis qu’elle est de 20% pour les moissonneuses-batteuses avec une aide maximale de 200.000 DH. «Depuis l’activation du processus de la généralisation de la protection sociale, les agriculteurs ne peuvent bénéficier de cette exonération que s’ils sont enregistrés auprès de la CNSS et qu’ils disposent de l’AMO. Et bien que l’autorité de tutelle ait délivré son accord préalable, la subvention ne peut être débloquée que lors de la présentation de l’attestation d’inscription à la CNSS», précise Benbeyi, qui regrette la complexité du dispositif.

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