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Paiement électronique : Ces écueils sur lesquels le Maroc bute encore
12 février 2021 Eco Actu
Au Maroc, l’économie a été rattrapée par le retard qu’elle accuse dans ce domaine.
En effet, la pandémie a donné un coup de pouce au digital dans notre pays. L’activité du paiement via Internet a connu une progression de +23,6% durant le 1er semestre 2020. Cependant, le dernier avis du Conseil de la concurrence relatif à la situation de la concurrence sur les marchés du paiement en ligne par carte bancaire a relevé plusieurs obstacles qui ralentissent cette dynamique et retardent le développement du paiement en ligne.
Parmi les facteurs de blocage soulevés par le Conseil le fait que le Maroc ne profite pas de son potentiel d’infrastructures de télécommunications de qualité comparativement aux pays similaires, de son système bancaire doté des technologies les plus récentes et d’une population jeune qui maitrise les nouvelles technologies.
Aussi le déploiement tardif du paiement mobile constitue un frein majeur à l’émergence de ce mode de transaction devenu inévitable aujourd’hui.
Le Conseil soulève également le problème de la prolifération d’entreprises informelles utilisant les réseaux sociaux pour proposer leurs offres. Un manque à gagner qui passe entre les mailles du filet du fisc et de toute l’économie.
Autres freins et pas des moindres, la faiblesse des régies publicitaires nationales en ligne qui oblige les annonceurs à prendre des services chez Google Ads ainsi que la pression de certaines marques qui imposent des prix de vente indépendamment des circuits d’approvisionnement.
La non maitrise complète des questions de sécurité des paiements (fraude et protection des données), malgré les progrès importants réalisés par notre pays dans ce domaine est aussi à l’origine du retard qu’accuse le développement de ce secteur.
Le Conseil de la concurrence évoque dans son avis l’état du paiement en ligne par carte bancaire qui peut être considéré, également, comme l’un des obstacles au développement du commerce électronique. Et pour cause, 92% des paiements s’effectuent encore au moyen d’argent liquide.
« C’est cette question qui a été soulevée dans la demande d’avis du Conseil de la Concurrence. Ceci a poussé le Conseil à opérer un diagnostic de l’état actuel du « e-paiement » en vue d’identifier les dysfonctionnements 72 Avis du Conseil de la Concurrence n° A/3/20 concurrentiels que le marché du commerce électronique connait et proposer des pistes pouvant conduire à la construction d’un marché compétitif, efficace et novateur », lit-on dans l’avis n° A.3.20.
En effet, il rappelle que le marché du paiement en ligne demeure faible par rapport à d’autres pays avec lesquels une comparaison est possible, comme la Turquie, le Kenya et le Vietnam.
« En effet, selon JP Morgan, les paiements des achats en ligne s’effectuent essentiellement par carte de paiement (64%). En revanche, le paiement à la livraison ne représente que 15%, suivi du porte-monnaie électronique avec 6%. La bancarisation de la population (69%), peut expliquer l’usage important de la carte de paiement dans le pays », chiffres à l’appui.
La lenteur du pays à s’adapter à l’évolution du marché du paiement en ligne par rapport à d’autres est mise à l’évidence dans l’avis. Le Conseil précise toutefois qu’il faudra attendre l’adoption de la loi n° 103.12 relative aux Etablissements de crédit et organismes assimilés du 1er Rabii I 1436 (24 décembre 2014) pour introduire une nouvelle catégorie d’opérateurs non bancaires.
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