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Plf 2021 : une relance économique sans endettement massif

02 novembre 2020 Eco Actu

Une relance économique impossible sans endettement massif et sans recourir à l’austérité.

Choisir entre l’austérité et l’endettement revient à choisir entre la peste et le choléra. Indécis les représentants de la nation cherchent la relance économique sans endettement massif et sans recourir à l’austérité : une équation que, même le redoutable Benchaâboun, ne saura résoudre.

L'hémicycle du parlement abrite, jusqu’à ce que les parlementaires piquent du nez, les débats sur le projet de loi de finance 2021. Un film-fleuve, qui pour plusieurs c’est du déjà-vu. Chacun tire à soi le texte du PLF pour faire vibrer la corde sensible et gruger le filet social. Plusieurs parlent à la cantonade, mais rares ceux qui parlent ex professo. Dans la forme, tous défendent bec et ongle la veuve et l’orphelin, mains dans le fond tous défendent leur pré carré.  A les écouter, ils veulent nous faire sortir du col de la bouteille, mais apparemment ce sont nous qui sommes ascétiques. Au fil des débats, nous réalisons que la critique parlementaire et la critique dramatique doivent cousiner.

Un long prêchi, au bout duquel on a envie de leur dire et si vous étiez ministre des finances que feriez-vous ? En effet, la critique est aisée, l’art est difficile. Majorité et opposition se contentent de faire des exposés magistraux débordant de bonnes intentions, mais manquent affreusement de réponses concrètes. Néanmoins, toutes les couleurs politiques ont enterré leurs haches de guerre, une fois n’est pas coutume, pour demander à l’argentier du Royaume de mettre la pédale douce sur l’endettement.

Mais l’économie marocaine, qui est sur la corde raide, à cause de la crise économique, n’a pas beaucoup de cordes dans son arc. Renoncer à l’endettement revient à opter pour l’austérité. Ceux qui réclament que pied soit levé sur l’accélérateur de l’endettement, qui coûte, certes, le lard du chat, ne savent pas que l’austérité coûte une blinde.

Adopter la politique de l’austérité est synonyme d’augmentation des impôts et de coupes budgétaires.

Dans le fil droit de la politique de l’austérité, l’économie marocaine subira les cuisants effets de la déflation. Ainsi, l’augmentation des impôts infligera un sacré coup au pouvoir d’achat des ménages. Ce dernier est une peau de chagrin qui se rétrécit suite à la recrudescence des impôts. La demande des ménages va baisser alors que l’offre est forte : l’économie se trouvera alors en surproduction. Les entreprises seraient alors contraintes à réviser à la baisse leurs prix et accuser ipso facto des chutes de leurs revenus et bénéfices.

Ces mêmes entreprises, en anticipant la baisse continue de la demande, seraient amenées à couper dans leur production et licencier massivement. Le chômage couplé à la chute des revenus se traduiront  par une nouvelle baisse de la consommation et donc de la demande. Ainsi le cercle déflationniste est enclenché. En théorie, l’augmentation des impôts devrait aviver les recettes de L’État, éponger les déficits et alléger l’endettement. Mais en pratique, la baisse des revenus des entreprises et des ménages, à cause de la déflation, entrainera une sacrée correction des  recettes fiscales.

Si les ménages et entreprises, par manque de confiance, peuvent se permettre de serrer la ceinture, L’État ne doit pas suivre comme un mouton de Panurge. Premier acheteur du royaume, vrai levier de la demande intérieure, le gouvernement ne peut se permettre des coupes budgétaires.

Plusieurs parlementaires ont tiré la sonnette d’alarme quant à l’impact négatif de l'endettement sur la croissance économique. Au-delà du seuil critique de 90% (dettes/PIB) , aux yeux des représentants de la nation, la croissance économique du pays sera prise en otage, par ce que le risque de défaillance sera de taille, ce qui risque de renchérir le coût du financement. Cette thèse s’est avérée infondée car elle a reposé, lors de sa conception, sur des données statistiques non exhaustives. D’ailleurs le FMI a dû la bannir et reconnaitre que les effets de l’austérité sont plus désastreux que ceux de l’endettement.

Joseph Stiglitz disait : « si on peut vendre des produits toxiques, comme la cigarette, qui tue les gens, on peut vendre des idées toxiques comme l’austérité ». Les temps sont durs mais l’heure est à la relance quoi qu’elle en coûte. Ceux qui croient au rétablissement immédiat de l’économie après l’éradication du virus, après l’été prochain, se trompent. Il faut sauvegarder l’économie en état d’éveil. La durée de réponse de l’économie, après la crise, est conditionnée par le volume d’investissement injecté dans la relance au cœur de la crise.

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