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Quel avenir pour le marché du travail face à l’invasion de l’intelligence artificielle ?
11 février 2021 Libération
L’ intelligence artificielle s’est imposée comme un moteur majeur des nouvelles technologies en dominant une grande partie de l'économie.
L’ intelligence artificielle a connu récemment un développement remarquable et s’est imposée comme un moteur majeur des nouvelles technologies telles que le big data, la robotique et l’Internet des objets, ce qui lui a permis de dominer une grande partie du paysage économique, culturel et social à l’échelle mondiale. En effet, l’intelligence artificielle peut se définir comme “l’intelligence affichée par les machines et les programmes pour simuler les capacités cognitives de l’être humain, à l’instar de la capacité d’apprendre, de déduire et de réagir à des situations non programmées dans la machine. Il s’agit également d’un champ académique concerné par la création des ordinateurs et des programmes capables d’adopter un comportement intelligent”. Et si le progrès rapide de l’intelligence artificielle a suscité un sentiment de soulagement chez certains du fait des grands bénéfices que l’humanité tirera de son utilisation dans divers domaines de la vie, d’autres y voient un réel danger menaçant l’avenir du marché du travail, dans la mesure où la machine occupera de larges surfaces au détriment de l’être humain. À la lumière de cette situation, de grands groupes de professionnels et d’employés commencent à s’inquiéter pour leur avenir, posant des questions telles que “ma profession est-elle en sécurité?” et “les robots prendront-ils mon travail?”. Certains experts tentent de dissiper cette peur en affirmant que cette nouvelle technologie ne se substituera pas aux emplois et aux professions des personnes à l’avenir, mais au contraire, elle aura un impact positif en termes de facilitation des conditions de travail, de création de croissance économique et de réduction des prix, ainsi que de création de nouvelles opportunités d’emploi en recrutant davantage de personnels pour superviser l’automatisation. Pour suivre la nouvelle tendance, les individus n’auront qu’à développer, changer ou modifier leurs compétences pour préserver leur emploi à l’avenir, et pour qu’ils ne soient pas remplacés par des technologies qui font le même travail en ayant recours à l’intelligence artificielle, selon les experts. Quant à ceux qui s’inquiètent du “pouvoir” de l’intelligence artificielle, ils préviennent que cette technologie aura des répercussions négatives sur les emplois, à l’instar de ce qui s’est passé récemment lorsque des robots et des machines intelligentes ont pénétré le secteur industriel et remplacé l’être humain, ce qui a provoqué la perte de millions d’emplois dans le monde. D’après eux, la récession économique que connaît la plupart des pays du monde constitue un facteur qui contribue à l’utilisation accrue de l’intelligence artificielle, de sorte que les entreprises adoptent des plans pour réduire les coûts et licencier les employés, tout en faisant recours à la technologie de l’intelligence artificielle pour remplacer le travail des individus. De plus, le fait de s’appuyer sur des machines et des robots fonctionnant avec l’intelligence artificielle permettrait d’économiser beaucoup d’argent pour les entreprises et de réduire leurs dépenses, notamment en ce qui concerne le coût social de l’Homme (salaire, retraite et assurance maladie et bien d’autres). Ainsi, la machine dotée de l’intelligence artificielle peut remplacer des dizaines de salariés et travailler 24h/24 à une vitesse plus rapide que l’être humain, tout en n’ayant pas besoin de se reposer ni de prendre des vacances annuelles. A cet égard, Mostafa Ziani, professeur de l’informatique à la Faculté des sciences et techniques de Tanger, estime que si l’intelligence artificielle représente l’essence du saut qualitatif de la quatrième révolution industrielle, elle a tout de même engendré des craintes de “voir les robots prendre notre place au travail”. Dans une déclaration à la MAP, M. Ziani relève que cette crainte trouve son origine dans certaines études qui ont révélé que d’ici à 2025, l’utilisation accrue des robots et de l’intelligence artificielle devrait changer le mode de certaines professions, qui pourront même disparaître complètement, chose qui menace environ 5 millions d’emplois dans les 15 plus grandes économies du monde. Selon ces études, les métiers les plus menacés sont ceux qui ne nécessitent pas de grandes compétences et qui reposent sur la répétition, étant donné que les machines peuvent exercer ces métiers plus efficacement que les humains, notamment les métiers liés à la construction, à la mécanique et à la maintenance... Dans ce contexte, le professeur souligne la nécessité de soutenir ces métiers et emplois menacés pour leur permettre de mieux s’adapter aux mutations rapides du monde technologique, d’autant plus que les algorithmes dont dépendent les machines pour acquérir des compétences reposent sur les expériences humaines et l’accumulation d’informations. S’il est difficile de savoir dans quelle mesure l’intelligence artificielle affectera le marché du travail, il est certain qu’elle redessinera la cartographie des emplois futurs, ce qui se reflétera dans de nombreux secteurs qui seront inévitablement touchés à divers degrés. Ces transformations tangibles, et celles qui sont attendues dans un avenir proche, obligent les pays à développer des plans et des stratégies novateurs pour relever les défis posés par les nouvelles technologies, à travers, notamment, la qualification de leurs ressources humaines, la reconsidération de leurs programmes éducatifs et l’augmentation de leurs investissements dans le domaine de la recherche scientifique afin qu’ils soient au cœur du processus historique, et non en marge. Par L’Houssain Essaddiki (MAP)
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