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Les recommandations de la Banque mondiale pour créer davantage d’emplois au Maroc
06 avril 2021 Medias24
Au Maroc, la mise en place d’un marché du travail dynamique et inclusif reste un défi persistant.
Dans un rapport publié fin mars par la Banque mondiale, intitulé "Paysage de l’emploi au Maroc : Recenser les obstacles à un marché du travail inclusif", l'institution financière met en lumière les principaux obstacles liés à l’emploi au Royaume et donne une évaluation des options politiques concrètes capables de les surmonter.
Les axes prioritaires pour accroître la création d’emplois au Maroc
Sur ledit document, la BM relève "que même si le revenu par habitant a doublé au Maroc entre 2000 et 2018 et que le taux de pauvreté a été divisé par trois sur la même période, les créations d’emplois n’ont pas suivi". La participation des jeunes et des femmes sur le marché du travail reste également faible. Pour faire face à cette situation et créer davantage d'emplois, la BM recommande ce qui suit :
- Accélérer les changements structurels et miser sur les secteurs à forte productivité : "Le Maroc est passé de l’agriculture à des services informels à faible valeur ajoutée plutôt qu’à des emplois industriels productifs et à forte intensité de main-d’œuvre ou à des emplois de services à forte valeur ajoutée. Il peut avoir besoin à la fois de favoriser l’industrialisation et de stimuler les services formels à forte valeur ajoutée dans tout le pays, ou de se concentrer sur certains sous-secteurs et 'points chauds' géographiques. Dans un cas comme dans l’autre, il faudra continuer à développer les compétences de la main-d’œuvre et à diffuser la technologie et le savoir-faire dans tous les secteurs et toutes les régions".
- Promouvoir une plus grande formalisation de l’économie : "L’existence d’un secteur informel important au Maroc entrave la productivité du travail, érode l’assiette fiscale et laisse de nombreux travailleurs et leurs familles sans assurance maladie et sociale adéquate. Encourager les emplois formels pourrait nécessiter différents types de mesures, notamment des réformes de l’environnement des affaires, la réduction du coût du travail, ou des initiatives comme le développement des compétences pour améliorer la productivité".
- Intégrer davantage de femmes dans la population active : "Cet effort permettrait de réduire les disparités entre les sexes, de donner aux femmes les moyens de prendre des décisions au sein du ménage, d’accroître les investissements des ménages dans l’éducation et la santé, et d’exploiter une ressource essentielle de travail pour le développement économique".
- Soutenir les jeunes dans leur passage des études au monde du travail : "Bien que le Maroc ait fait des progrès importants dans le domaine de l’éducation, des améliorations supplémentaires sont nécessaires pour créer une main-d’œuvre capable de stimuler la croissance de l’emploi et pour aider les jeunes à obtenir des emplois hautement productifs. Pour ce faire, il s'avère nécessaire de :
- Réduire les taux élevés d’abandon scolaire chez les jeunes ;
- Prodiguer une formation professionnelle de qualité et à grande échelle pour améliorer l’employabilité des jeunes de 18 à 24 ans sans éducation formelle au-delà de l’école secondaire ;
- Aider les jeunes hautement qualifiés à faire la transition entre les établissements d’enseignement supérieur et le monde du travail ;
- Prodiguer une éducation de meilleure qualité pour tendre vers le respect des normes et des indicateurs internationaux.
L'état actuel du marché du travail au Maroc
Selon la BM, la création d'emplois au Maroc est aujourd'hui freinée par d'importants facteurs, notamment "un secteur informel important, des taux d’inactivité élevés, une prédominance de services à faible valeur ajoutée et un environnement commercial difficile, notamment pour les jeunes entreprises".
Elle estime aussi que la transformation structurelle au Royaume "a été lente". "Il y a eu des pertes d’emplois dans l’agriculture, mais peu de créations d’emplois dans l’industrie manufacturière, ce qui laisse deviner une 'désindustrialisation prématurée'. Un grand nombre de travailleurs ont ainsi été libérés du secteur agricole, mais seule une petite partie a été absorbée par le secteur industriel. Entre-temps, la part des services a également été lente à augmenter comparativement à la situation observée dans les autres pays en développement, et beaucoup de travailleurs restent engagés dans les services informels", souligne-t-elle, ajoutant que "la transformation structurelle a également souffert du fait que le secteur privé n’a pas pu contribuer suffisamment à la création d’emplois".
La BM note également l'exclusion de deux groupes importants, à savoir les jeunes et les femmes. "Une grande partie des jeunes Marocains ne travaillent pas ou n’investissent pas dans l’amélioration de leurs perspectives d’emploi. Le tiers environ des jeunes de 15 à 24 ans, qui ne sont ni en emploi, ni aux études, ni en formation, forment le groupe des NEET (de l’anglais 'not in education, employment, or training'). Ce phénomène donne à penser qu’il existe un grand nombre de jeunes inactifs et découragés, ce qui peut entraver leur capacité à long terme à acquérir des compétences et à contribuer à l’avenir économique et social du pays".
"En même temps, la participation des femmes au marché du travail (PFMT) est en déclin et se situe en dessous de 30%, ce qui est faible même dans une région caractérisée par une faible PFMT".
Ajouté à tout cela, le choc de la pandémie de Covid-19. "Cette crise et les mesures sanitaires qui en découlent ont interrompu ou ralenti l’activité économique du Royaume, venant ainsi aggraver la situation du marché du travail. La demande a chuté et des entreprises ont fermé, éliminant ou mettant en danger l’emploi de nombreuses personnes et réduisant les revenus des ménages", explique le rapport, rappelant qu'au début du mois d’avril 2020, près de 60% des entreprises avaient cessé leur activité de façon temporaire ou permanente. En juin 2020, 66,2% des travailleurs étaient encore en chômage temporaire à cause, principalement, de la fermeture de leur entreprise. Et en juillet, le taux de chômage a atteint 12,3%, contre 9,1% avant la pandémie.
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