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Reprise économique en 2021 : Les patrons moins optimistes que les conjoncturistes
06 avril 2021 Medias24
Le HCP ainsi que Bank Al Maghrib notent une légère reprise en ce premier trimestre de l’année 2021.
Selon les macro-économistes, le ciel a été clément pour le Maroc en ce premier trimestre de l’année. Avec les prémices d’une excellente saison agricole et la poursuite du trend haussier des activités du commerce et des services, constaté fin 2020, les conjoncturistes parlent d’un premier trimestre assez bon, confirmant les prévisions de reprise énoncées fin 2020.
Des données qui ont poussé notamment le conseil de Bank Al Maghrib, tenu fin mars, à relever sa prévision de croissance pour toute l’année 2020 à 5,3%, au lieu de 4,6% initialement.
La note de conjoncture du premier trimestre, publiée ce lundi par le HCP, confirme cet état d’esprit, affirmant un redressement de l’économie marocaine de 0,7% sur les trois premiers mois de l’année. Une reprise qui intervient après quatre trimestres de baisses successives. Un chiffre qui se base sur le rebond de 13,7% de la valeur ajoutée agricole et d’un petit repli de 1% des activités hors agriculture.
CGEM : le chiffre d'affaires des entreprises en 2021 sera de 8% inférieur par rapport à 2019
Cette reprise annoncée aussi bien par Bank Al Maghrib que par le HCP, les opérateurs économiques la ressentent également, comme nous le confirme Mehdi Tazi, vice-président de la CGEM.
« Sur ce premier trimestre, nous sentons globalement qu’il y a une reprise par rapport à l’année dernière. Nous ne sommes en tout cas pas dans la situation post-lockdown. Dans les secteurs de l’automobile, du textile et de l’industrie en général. Et à quelques exceptions près, il y a une certaine reprise, mais nous ne sommes pas encore aux niveaux de production de 2019 », souligne le VP du patronat, rappelant toutefois que certains secteurs vivent encore les mêmes difficultés que celles de l’année dernière, comme celui du tourisme qui aurait connu, selon lui, une baisse d’activité de 70 à 80% en 2020.
Mais cette relance constatée par les macro-économistes n’est pas encore pleine, tient-il à préciser.
« Pour prendre l’exemple de l’automobile, nous avons effectué la semaine dernière une visite à Tanger et nous avons remarqué que les usines ont repris. Mais il reste encore certaines difficultés, liées notamment à la rupture des chaînes à cause de quelques obstacles d'approvisionnement sur certains composants et intrants. Les usines produisent, mais pas à un niveau de productivité élevé », illustre-t-il à titre d’exemple, avant de nous annoncer ses prévisions basées sur les remontées des opérateurs économiques. Un ressenti qui est loin des prévisions optimistes de nos conjoncturistes.
« Quand on demande aux entreprises comment sera 2021, elles déclarent qu’il y aura une baisse en chiffre d’affaires de l’ordre de 8% par rapport à2019. Ce qui revient à 85 milliards de dirhams de moins par rapport à la normale. Cela montre que les entreprises perçoivent un niveau d’activité certes meilleur qu'en 2020 mais toujours limité même si les économistes prévoient une croissance de près de 5% en 2021. L’activité des entreprises n’est certes pas la seule composante du PIB, mais il y a en tout cas un décalage de perception entre les entrepreneurs et les macro-économistes », explique Mehdi Tazi.
Mais la situation aurait été pire, selon lui, si l’Etat n’était pas intervenu de manière vigoureuse pour limiter les dégâts, notamment sur les faillites d’entreprises et les pertes d’emplois.
« Il ne faut pas nier l’effort de l’État qui a été décisif dans la sauvegarde de l’emploi et des entreprises, preuve par le nombre de faillites qui a baissé par rapport à 2019. Les crédits Damane Oxygène et Relance, ainsi que toutes les mesures de soutien déployées par l’État ont permis réellement de sauver des entreprises et des emplois. Et il faut s’en féliciter. Et on voit que cet effort continue, comme l’ont montré les décisions des derniers CVE qui ont prolongé les dispositifs Oxygène et Relance ainsi que le chômage partiel pour les secteurs qui sont encore en difficulté, comme le tourisme. Les dispositifs de l’État se poursuivent et s'adaptent à la situation », se félicite-t-il.
Avec les nouvelles données sur l’évolution de l’épidémie au Maroc, l’apparition du variant britannique dans plusieurs régions du Royaume et la naissance même d’un variant marocain, le ressenti des hommes d’affaires serait ainsi plus proche de la réalité que les prévisions macro qui se basent certes sur des données factuelles, mais restent sujettes, comme le reconnaissent le Wali de Bank Al Maghrib et le Haut-commissaire au Plan, à beaucoup d’incertitudes et peuvent évoluer à la baisse à tout moment…
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